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Infection urinaire : quel antibiotique est le plus efficace

Étude collaborative Bionext × CSB Klinik

2022 - 2024

Introduction

Les infections urinaires figurent parmi les motifs de consultation les plus fréquents en médecine générale. Leur prise en charge repose le plus souvent sur un traitement antibiotique. Dans la grande majorité des cas, la bactérie Escherichia coli (E. coli) est responsable de l'infection, aussi bien chez l'homme que chez la femme et chez l'enfant. Cependant, le choix de l'antibiotique ne doit pas être fait à l'aveugle. Il est essentiel de surveiller régulièrement l'évolution du taux de résistance des bactéries afin de prescrire le traitement le plus adapté et le plus efficace.

Dans cette perspective, les laboratoires luxembourgeois d'analyses médicales Bionext collaborent avec CSB Klinik en mettant à disposition leurs données microbiologiques collectées entre 2022 et 2024. Cette collaboration permet de vous offrir une mise à jour fiable et adaptée concernant les antibiotiques actuellement les plus efficaces pour traiter les différentes infections urinaires à E. coli chez l'homme, la femme et l'enfant.

Partie I: Analyse des ECBU réalisés au laboratoire Bionext (2022-2024)

Introduction

Les infections urinaires font partie des motifs de consultation et d’analyses biologiques les plus fréquents, notamment chez la femme. Afin de mieux comprendre leur évolution, les laboratoires luxembourgeois d’analyses médicales Bionext ont analysé sur trois années consécutives (2022-2024) plus de 100 000 examens cytobactériologiques des urines (ECBU). Cette étude met en évidence la stabilité des bactéries responsables des infections urinaires, avec Escherichia coli occupant toujours une place prédominante.

Définition :

Un ECBU (Examen Cytobactériologique des Urines) est une analyse réalisée uniquement en laboratoire.

Il permet de :

  • confirmer la présence d'une infection urinaire,
  • isoler la bactérie responsable,
  • tester quels antibiotiques seront efficaces grâce à l'antibiogramme.

C'est l'examen de référence pour poser le bon diagnostic et adapter le traitement.

Résultats comparatifs (2022-2024)

2022

ECBU positifs17%
Proportion E. coli68%

2023

ECBU positifs14%
Proportion E. coli70%

2024

ECBU positifs12%
Proportion E. coli70%
2022
2023
2024
E. coli
68%
70%
70%
Klebsiella pneumoniae
6.6%
6.6%
6.6%
Enterococcus faecalis
4%
4%
4%
Autres
21.4%
19.4%
19.4%

Résultats détaillés par année

En 2022, 17% des ECBU réalisés par Bionext se sont révélés positifs, c'est-à-dire qu'ils ont permis d'isoler une ou plusieurs bactéries responsables d'infection. Escherichia coli a largement dominé, avec près de 68 % des cas. Derrière elle, Klebsiella pneumoniae représentait 6.6 % des cas et Enterococcus faecalis 4 % des cas. Ces résultats montrent que, dès 2022, E. coli était déjà la bactérie prédominante dans les infections urinaires.

L'année suivante, 14 % des ECBU se sont révélés positifs. Là encore, E. coli s'est imposée comme la bactérie la plus fréquemment isolée, avec environ 70 % des résultats positifs. Klebsiella pneumoniae a été identifiée sur 6.6% des ECBU positifs et Enterococcus faecalis sur 4%. Cette répartition confirme la stabilité des principaux germes responsables d'infections urinaires, toujours dominée par E. coli.

En 2024, 12% des ECBU se sont révélés positifs. Parmi eux, E. coli a été retrouvée dans près de 70 % des ECBU positifs. Les autres bactéries restaient minoritaires, avec 6.6 % des cas pour Klebsiella pneumoniae et 4 % pour Enterococcus faecalis. Encore une fois, on note la constance dans la répartition des germes isolés des ECBU.

Analyse générale

Sur les trois années étudiées, l'analyse microbiologique en laboratoire démontre une tendance claire : Escherichia coli reste la principale bactérie responsable des infections urinaires chez l'enfant, la femme et l'homme. Elle représente environ 70 % des prélèvements positifs. Cette stabilité souligne son rôle central dans la cause des cystites, indépendamment du volume croissant d'analyses réalisées en laboratoire.

Partie II: Évolution des taux de résistances d'E. coli aux antibiotiques entre 2022 et 2024

Introduction

Les infections urinaires représentent l'un des principaux motifs de consultation médicale, que ce soit chez la femme, l'homme ou l'enfant. Dans la majorité des cas, elles sont dues à Escherichia coli en témoigne l'analyse faite dans la Partie I. Le traitement repose presque toujours sur les antibiotiques, mais leur usage répété dans les différentes maladies (angine, pneumonie, sinusite, gastro-entérite, etc) favorise un phénomène préoccupant : l'émergence de résistances bactériennes.

Afin de mieux comprendre cette évolution, le Dr Camara-Sampil et le Dr Paul-Elie Gosset ont analysé les données microbiologiques issues des laboratoires luxembourgeois d'analyses médicales Bionext entre 2022 et 2024. Leur étude met en lumière une progression inquiétante des résistances pour certains antibiotiques, mais aussi la persistance de quelques options thérapeutiques fiables.

Évolution des taux de résistance (2022-2024)

0%10%20%30%40%50%20222023202439%40%42%26%26%33%18%18%27%19%19.5%20%1%1.1%2%1%1.2%2%
Amoxicilline
Amoxicilline/Acide clavulanique
Ofloxacine
TMP-SMX
Nitrofurantoïne
Fosfomycine
Antibiotique202220232024Évolution
Amoxicilline39%40%42%+3.0%
Augmentin26%26%33%+7.0%
Ofloxacine18%18%27%+9.0%
Bactrim19%19.5%20%+1.0%
Nitrofurantoïne1%1.1%2%+1.0%
Fosfomycine1%1.2%2%+1.0%

Résultats année par année 2022, 2023, 2024

En 2022, l'amoxicilline présentait déjà un taux de résistance élevé, proche de 39 %. L'Augmentin (amoxicilline/acide clavulanique) atteignait 26 %, tandis que l'ofloxacine affichait 18 % de taux de résistance. En revanche, la nitrofurantoïne et la fosfomycine (Monuril) restaient très efficaces, avec des résistances proches de 1 %, alors que le Bactrim (triméthoprime-sulfaméthoxazole ou TMP-SMX) se situait à 19 %.

En 2023, la situation évoluait peu : l'amoxicilline passait à 40 %, l'Augmentin se maintenait à 26 % et l'ofloxacine restait stable à 18 %. La nitrofurantoïne et la fosfomycine (Monuril) confirmaient leur efficacité (1,1–1,2 % de résistances), et le Bactrim restait à 19,5 %.

En 2024, la progression devenait plus marquée : l'amoxicilline atteignait 42 %, l'Augmentin 33 %, et les quinolones augmentaient nettement (ofloxacine 27 %, ciprofloxacine 25 %, lévofloxacine 22 %). La nitrofurantoïne et la fosfomycine (Monuril) restaient stables (< 2 %), tandis que le Bactrim progressait légèrement à 20 %.

Comparaison des quinolones en 2024

Ofloxacine
27%
Ciprofloxacine
25%
Levofloxacine
22%

Analyse des tendances

L'étude confirme une perte progressive d'efficacité pour l'amoxicilline, l'Augmentin et les quinolones, dont les résistances augmentent régulièrement. En revanche, le Monuril et la nitrofurantoïne conservent une efficacité exceptionnelle, avec des taux de résistances autour de 1 %.

Recommandations pratiques

👩

Chez la femme

Chez la femme, les données confirment que la fosfomycine et la nitrofurantoïne restent les meilleurs choix. Leur efficacité est quasiment constante au fil des années, ce qui en fait les traitements de première intention.

👨

Chez l'homme

Chez l'homme, les infections urinaires sont souvent plus compliquées car elles peuvent concerner la prostate. Dans ce cas, les médecins se tournent parfois vers la famille des quinolones (comme l'ofloxacine, la ciprofloxacine ou la lévofloxacine), car ces antibiotiques pénètrent bien dans les tissus prostatiques et testiculaires.

Cependant, l'étude montre une hausse inquiétante des résistances : près d'un quart des E. coli y sont désormais résistants. Cela signifie qu'un traitement par quinolones peut échouer dans 1 cas sur 4. Leur prescription doit donc être réservée aux situations où elle est réellement nécessaire, et idéalement guidée par un antibiogramme.

👶

Chez l'enfant

Chez l'enfant, les traitements antibiotiques des infections urinaires reposent le plus souvent sur des médicaments administrés par voie orale, comme l'Augmentin ou le Bactrim. Cependant, les résultats de l'étude montrent des résistances préoccupantes : en 2024, près de 33 % des souches d'E. coli étaient résistantes à l'Augmentin, et environ 20,6 % au Bactrim. Ces chiffres indiquent qu'un traitement sur trois avec l'Augmentin, et un sur cinq avec le Bactrim, risque d'être inefficace. Cela soulève une inquiétude majeure pour l'avenir de la prise en charge des infections urinaires chez les enfants de plus de 3 ans. Il est toutefois essentiel que le choix de l'antibiotique soit réajusté après les résultats de l'analyse microbiologique (antibiogramme), afin de garantir l'efficacité du traitement même après initiation d'un traitement probabiliste.

Recommandations destinées à l'application en pratique clinique quotidienne.

Cystite masculine sans fièvre ( afébrile)

En l'absence de fièvre, de douleurs prostatiques ou testiculaires, la cystite simple de l'homme est désormais reconnue comme entité clinique distincte.

Les traitements recommandés en première intention, selon les pratiques européennes, sont les suivants :

  • Nitrofurantoïne : 100 mg, 3 fois par jour, pendant 7 jours.
  • Fosfomycine trométamol : 3 g en prise unique aux jours 1, jour 3 et jour 5.
  • Triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) : 800/160 mg, 2 fois par jour, pendant 7 jours.

Fluoroquinolones (seconde intention, en cas de contre-indication ou résistance aux traitements précédents) :

  • Ofloxacine 200 mg, 2 fois par jour, 7 jours.
  • Ciprofloxacine 500 mg, 2 fois par jour, 7 jours.
  • Lévofloxacine 500 mg, 1 fois par jour, 7 jours.

Ces traitements visent une infection limitée à la vessie, sans atteinte prostatique. Une évaluation microbiologique (ECBU) reste recommandée avant toute prescription.

Prostatite aiguë fébrile

En cas de fièvre, de douleurs périnéales ou prostatiques évocatrices d'une atteinte prostatique, la prise en charge repose sur des antibiotiques à diffusion prostatique :

  • Ciprofloxacine 500 mg, 2 fois par jour, pendant 14 à 21 jours.
  • TMP-SMX 800/160 mg, 2 fois par jour, pendant 14 à 21 jours.
  • Lévofloxacine 500 mg, 1 fois par jour, pendant 14 à 21 jours.

La durée peut être prolongée jusqu'à 4 semaines selon la sévérité initiale et la réponse clinique.

Prostatite chronique bactérienne

Le traitement repose principalement sur les fluoroquinolones pour leur bonne diffusion prostatique :

  • Lévofloxacine 500 mg, 1 fois par jour, pendant 4 à 6 semaines est une solution bien tolérée.

Une évaluation microbiologique préalable est essentielle. L'association à un traitement adjuvant anti-inflammatoire ou alphabloquant peut être discutée selon le contexte clinique.

Cystite aiguë féminine

Chez la femme, la cystite simple non compliquée répond généralement bien à un traitement court :

  • Nitrofurantoïne 100 mg, 3 fois par jour, pendant 5 jours.
  • Fosfomycine trométamol 3 g aux jours 1, jour 3 et jour 5.

En cas de cystite récidivante documentée et d'origine bacterienne, la fosfomycine peut être prescrite en prophylaxie : 3 g en prise unique tous les 7 à 10 jours.

Infection urinaire chez l'enfant (à partir de 3 ans)

Les schémas thérapeutiques recommandés tiennent compte du poids et de l'âge :

  • Amoxicilline-acide clavulanique : 60 à 80 mg/kg/j (sans dépasser 3 g/j), répartis en 3 prises pour 5-7 jours
  • Cotrimoxazole (TMP-SMX) : 30 mg/kg/j de sulfaméthoxazole et 6 mg/kg/j de triméthoprime, en 2 prises quotidiennes, sans dépasser la dose adulte pour 5-7 jours.
  • cefixime: 8mg/kg/j en 2 prises quotidiennes pour 5-7 jours (sans dépasser 400mg/j)

Le choix de l'antibiotique doit être guidé par l'antibiogramme et les recommandations locales de résistance bactérienne.

Définition traitement probabiliste:

Un traitement probabiliste est un antibiotique prescrit avant d'avoir les résultats de l'ECBU. Le médecin choisit celui qui a le plus de chances d'être efficace, en se basant sur les bactéries les plus souvent responsables (comme E. coli pour les cystites) et sur les résistances connues. Une fois les résultats disponibles, le traitement peut être ajusté pour cibler la bactérie.

Quand consulter ?

Il est important de consulter si les symptômes persistent plus de 48h malgré un traitement, en cas de fièvre ou de douleurs lombaires, de cystites récidivantes, ou encore en cas d'infection urinaire pendant la grossesse. Chez l'homme, toute infection urinaire doit être évaluée par un médecin.

Conclusion

Entre 2022 et 2024, l'analyse des résistances d'Escherichia coli met en évidence une progression continue, particulièrement marquée pour l'amoxicilline, l'Augmentin et la famille des quinolones.

En revanche, la fosfomycine (Monuril®) et la nitrofurantoïne conservent une efficacité remarquable et doivent rester les traitements de première intention chez la femme présentant une cystite simple.

Chez l'homme, où les infections urinaires sont souvent plus complexes, les quinolones gardent une place importante ; dans notre région du Grand-Duché, la lévofloxacine apparaît comme celle qui présente actuellement le taux de résistance le plus bas.

Chez l'enfant, les traitements reposent encore principalement sur l'Augmentin et le Bactrim, mais leurs résistances déjà élevées (33 % et 20,6 % en 2024) soulèvent des inquiétudes pour l'avenir.

Face à ces évolutions, le bon usage des antibiotiques et la surveillance épidémiologique régulière restent indispensables pour préserver l'efficacité des traitements et limiter la progression des résistances.

À retenir

🦠

E. coli est responsable de près de 70 % des infections urinaires selon les ECBU.

📉

L'amoxicilline, l'Augmentin et les quinolones perdent en efficacité.

Le Monuril et la nitrofurantoïne restent fiables (< 2 % de résistances).

⚠️

L'automédication antibiotique est à proscrire.

🏥

Il faut consulter rapidement en cas de symptômes persistants ou sévères.

FAQ

Parce qu'elle est naturellement présente dans le tube digestif et peut facilement coloniser les voies urinaires.

Pour les femmes, la fosfomycine et la nitrofurantoïne, avec < 2 % de résistances. Pour la cystite masculine simple, sans atteinte prostatique ou testiculaire, les antibiotiques de première intention sont les mêmes que chez la femme fosfomycine, nitrofurantoïne et Bactrim Pour les prostatites, les quinolones (comme lévofloxacine, ofloxacine ou ciprofloxacine) restent actives, mais les résistances atteignent 22 à 27 %, ce qui impose un choix guidé par l’antibiogramme. Chez l’enfant de plus de 3 ans, les antibiotiques les plus prescrits restent l’amoxicilline/acide clavulanique 33% de résistance et le triméthoprime-sulfaméthoxazole 20% de résistance. Ces taux élevés justifient une adaptation systématique du traitement selon l’antibiogramme.

Principalement par l'utilisation répétée et parfois inappropriée des antibiotiques.

La tendance générale est similaire, mais les chiffres varient selon les régions.

Éviter l'automédication, respecter les prescriptions et consulter en cas de doute. Informer les patients sur l’importance de respecter les doses et la durée. Collaborer avec les laboratoires d’analyses médicales pour suivre les tendances locales de résistance

Avertissement : Ce contenu ne remplace pas une consultation médicale. En cas de doute ou de symptômes persistants, consultez un professionnel de santé.

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